Tanner trébuche ?
Après le succès triomphant de Driver 1 : You Are The Wheelman (plus de 6 millions d'exemplaires vendus sur PS1 !), il était logique que Tanner revienne, certe pour des raisons économiques évidentes mais aussi par l'envie de Reflections Interactive de faire évoluer Driver. On peut réellement parler du retour de Tanner car dans cet opus, il ne se limitera plus seulement à conduire à tombeaux ouverts des voitures aux vitres désespérément noires mais il aura bien un avatar contrôlable : vous !
C'est réellement à ce moment là, et tout juste avant la déferlante GTA III, que les bases du GTA-Like seront posés, mais ce ne sera pas la série Driver qui en récoltera les bénéfices pour différents défauts tant d'ordres techniques qu'au niveau du gameplay. Parlons-en justement, alors que l'on pourrait penser qu'il ne changerait pas énormément avec moins d'une année de développement, ce ne fut pas le cas grâce à l'apparition de ce cher Tanner et ses 2 jambes qui nous serviront dans les missions. Cette approche piétonne donne un potentiel de variétés de missions beaucoup important que si elles se limitaient à de la conduite de voitures : on devra par exemple se dépêcher de dépasser un train à toute allure pour aller dégager des rails une voiture se trouvant sur les rails avec à son bord une personne importante à l'histoire. Ceci impliquant d'aller jusqu'à la voiture, de sortir de la sienne, de prendre la voiture cible et de s'en aller dans un temps record.
Vous l'aurez compris, Reflections ne va pas se priver de ces nouvelles possibilités et dans à peu près toutes les missions, vous devrez à un moment ou un autre sortir de votre voiture pour faire prendre l'air à Tanner. On se dit d'ailleurs qu'il en avait grand besoin car après une année passée dans l'humidité d'une voiture hermétiquement fermée, le pauvre a bien du mal à se mouvoir de manière correcte et affiche une tête assez nauséeuse. De plus, il a tellement peur que sa couverture soit découverte qu'il ne peut sortir de sa voiture lorsqu'il est poursuivi par ses amis les policiers (ou alors il aurait peur de se faire écraser ?). Le gameplay de Driver 1 est tous de même conservé, si notre voiture est ruinée par les assauts répétés des hordes de flics, c'est le game-over. Mais Tanner peut néanmoins profiter de ses petites gambettes pour flâner calmement dans les 4 villes de cet opus même s'il ne peut pas pour finir effectuer un grand nombre d'actions : s'asseoir sur une chaise, appuyer sur des boutons, voler une autre voiture en cas de besoin et... acheter des tickets pour aller au stade (voir les véhicules cachés de Driver 2) ! Notons aussi un élément troublant : bien que Tanner ne puisse utiliser d'armes in-game, son ombre en porte bel et bien une ! Syndrome Lucky Luke ?
Driver 2 offre donc une sorte de tournant à la série pour montrer d'autres horizons et tente d'approfondir les possibilités du schéma de départ. En parlant de tournants, ce Driver 2 se démarque techniquement de son prédécesseur par la présence de virage et de légères courbes, alors que le 1 se limitait à des angles bien droits. Les villes se trouvent aussi bien plus détaillées que dans l'opus précédent ce qui rend la conduite plus attrayante même si le jeu pêche par un clipping omniprésent. Mais la plus grande évolution graphique ne se trouve pas dans le jeu en lui-même, mais bien dans ces cinématiques ! C'est simple : on passe des déplacements robotiques de modèles 3D basses résolutions à la qualité douteuse à une réalisation de haute volée qui fait honneur à la mise en scène apportée dans ces cinématiques ! Presque à se demander si on n'a pas changé de génération de consoles entre-temps... Néanmoins le jeu possède aussi son lot de régressions techniques et la plus importante, la fluidité nous manquera très rapidement même si heureusement les nouveaux effets du moteur amélioré sauront rendre le tableau moins noir qu'on pourrait le croire. Le petit frère de Driver 1 voit donc les choses en grand, et se permet d'occuper la place de 2 CDs. Même si cela est difficilement critiquable, on regrettera juste de devoir d'abord mettre le CD 1, charger sa partie et ensuite devoir mettre le CD2 pour continuer le jeu après les missions du CD1, pouvoir directement charger sa partie sur le CD2 aurait été tellement plus simple !
Driver premier du nom avait comme plus gros défaut son scénario, a-t-il été réparé ? Mieux que ça : vous êtes toujours Tanner (encore heureux !) flic infiltré dans la mafia et spécialisé dans la conduite – on vous appelle le Driver – et vous allez vous retrouver en pleine guerre de gangs entre l'un des chefs de la mafia Brésilienne, Vasquez, et un parrain du crime organisé américain, Caine dont le premier a annoncé le souhait... de le tuer tout simplement ! Vous, vous êtes chargés de mettre la main sur Lenny, comptable de Caine qui pourrait aider Vasquez dans sa quête morbide et recherché activement par un tueur à gages, Charles Jericho. Bref, du grandiose en perspective avec bien sûr son lot de rebondissements dont on vous laisse la découverte. Exit le charismatique répondeur téléphonique qui permettait de choisir l'ordre de ses missions car il empêchait un développement de la trame sur le plan scénaristique par son aspect désordonné. Reflections va donc réussir à faire du synopsis et de l'ambiance de ce jeu les meilleurs de la série aux yeux de beaucoup. Ce constat est sans doute influencé par la très bonne ambiance que l'on ressent tout le long du jeu, avec une diversification rafraîchissante. En effet, les villes, à nouveau au nombre de 4, ne se limitent plus à des métropoles des Etats-Unis mais aussi à l'Amérique du Sud comme La Havane et Rio. On sent d'ailleurs très bien le ton beaucoup plus chaud, joyeux et détendu de ces villes grâce au très bon travail sur le choix de la musique et des couleurs, ce qui sera d'ailleurs une ligne de conduite de la série à travers les différents opus. Driver 2 garde aussi ses bonnes vieilles villes des Etats-Unis avec Chicago et Las Vegas, qui valent le coup d'oeil tant le jour que la nuit !
Reflections va aussi avec cet opus incorporer un nombre importants de nouveaux personnages qui s'ancreront dans la série. Tanner va donc faire équipe avec Tobias Jones, un acolyte qui l'aidera dans de nombreuses missions mais on pense surtout à Jericho, tueur à gages ayant un rôle plus mineur dans cet épisode et qui deviendra LE méchant de la série, tant dans Driv3r que dans Driver San Francisco.
Nous avons parlé des nouveautés, mais Driver 2 garde quand même tout ce qui a fait le charme de son prédécesseur : un mode réalisateur, une conduite de feu de Dieu, des flics démentiels, votre ennemi préféré (le chronomètre), des mini-jeux de conduite (le mode survie, Getaway...) mais il perdra l'adaptation PC, ce qui est fort dommage car entraînant inévitablement l'impossibilité de modifier le jeu comme cela avait été le cas pour le 1er. Driver 2 propose aussi un mode multijoueurs en écran splitté (évidemment) où vous pouvez vous promener à 2 dans des quartiers assez restreints. La Playstation a d'ailleurs beaucoup de mal à gérer le niveau de détails qui se retrouve très allégé à cause du calcul du rendu doublé.
Mais le succès amoindri de cet opus comparé à son potentiel (dont vous avez pu vous faire une idée grâce à la lecture de ce dossier) s'expliquerait-il seulement par un frame-rate souffreteux et un clipping toujours aussi envahissant ?
Il y a de ça évidemment, mais Driver 2 est sorti sur cette bonne vieille PS1 en 2000, année de lancement de sa petite soeur, une certaine Playstation 2... Plus important, c'est aussi en 2000 que sortit LE jeu à qui on attribuera la révolution de l'open world malgré sa forte inspiration à Driver : j'ai nommé bien sûr GTA III qui profita de la puissance de calcul de la fraîche PS2 pour s'imposer. Bien sûr on n'est pas ici pour refaire l'histoire, mais il est évidemment tentant de faire le raccourci entre le succès de la série GTA après son passage à la 3D et la révolution qu'a apporté Driver 1. Tanner fera d'ailleurs une petite apparition sous forme de clin d'oeil dans une mission de GTA III où il est décrit comme un conducteur hors pair mais qui ne vaut rien en dehors de sa caisse, vous devrez d'ailleurs le tuer... Même si le constat n'est pas totalement faux sur le potentiel d'action de Tanner en dehors de son véhicule, Reflections ne laissera pas passer une telle provocation sans réagir... Mais ceci est une autre histoire !
Affiche publicitaire (Au arrêts de bus)
Dossier écrit par Vortex, membre de la communauté Driver !